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creusé la tête à chercher une puissance assez forte pour ébranler la société, pour créer le chaos qu’il évoque ; et il est arrivé à la conclusion : « la Révolution frayant sa voie au moyen du despotisme », « la Révolution par le mal ». Une idée l’a frappé dès 1849 : « Il n’y aura plus de Révolution tant que les Cosaques ne descendront pas ».

Cette idée a été évidemment inspirée à Cœurderoy par l’attitude de la presse réactionnaire de Paris qui, à cette époque de l’écrasement de la révolution hongroise par la Russie, ne cessait de faire appel au tsar Nicolas, dans lequel elle voyait le sauveur de l’ordre. À ces bruits d’invasion qui étaient dans l’air, Cœurderoy appliqua sa méthode trompeuse de l’analogie, et, comparant la civilisation romaine de la décadence et celle de son temps, le christianisme et le socialisme, les barbares germains d’alors et les Slaves d’aujourd’hui, il conclut que, comme alors, de même de nos jours le progrès de l’humanité se ferait par une mêlée générale comme celle qui mit fin à l’Empire romain.

Voilà donc cette fameuse théorie des Cosaques de Cœurderoy, théorie qui a tant contribué à le faire paraître comme un simple excentrique qu’on ne saurait prendre au sérieux : prétexte spécieux pour ignorer sa formidable critique de la société actuelle, sa dissection des chefs de par-