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peuples jeunes, soulevant leur linceul de neige comme des primevères sous le nouveau soleil.

Et je sème, et je chante, et je crie : Liberté !


J’ai dit en mon isolement :

Si je me place au point de vue de mon père et de ma mère… — Ce livre n’est pas un héritage, mais une dépense ; ce n’est pas un titre officiel, mais une récidive anarchique ; ce n’est pas enfin un compliment très présentable que je leur envoie pour le premier jour de l’année.

Dépendance des dépendances : tout n’est que dépendance !

Et la Raison m’a répondu :

« Ta liberté t’appelle : suis-la ! — Chaque chose en son temps. C’était jour d’allégresse au foyer de famille quand un testament venait y reposer son aile funèbre. C’était jour d’allégresse quand, écolier docile, tu rapportais au père un diplôme après l’autre. C’était jour d’allégresse quand, au premier Janvier, tu faisais à la mère les compliments d’usage. Maintenant tu es homme et ne dois plus fléchir. »

— Donc j’ai suivi la parole de ma liberté. Et m’élevant au-dessus de tout préjugé vain, je publie ce livre non contre ma famille, mais pour l’humanité.

Et je sème, et je chante, et je crie : Liberté !


J’ai dit en ma tristesse :

L’ouvrage de mes mains, le travail de ma tête