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des bains de lait et d’ambroisie, qu’elles en sortent fraîches, roses, parfumées, brillamment vêtues, mais libres dans leurs mouvements, agiles, gracieuses, élégantes, diaprées de mille couleurs, drapant leurs formes ravissantes dans des parures plus ravissantes encore ! — Ave stellœ matutinœ ! !

Moi, je sème en chantant !


XXX


Je travaille comme le semeur. Il met de l’amour-propre à son ouvrage, et ne le trouverait pas bon si d’autres que lui s’avisaient d’y toucher.

L’homme est ainsi fait. Il se croit bien différent de tous ceux qui l’approchent, et cependant les appelle ses semblables. À moins d’être contrefait, galeux ou nègre, il n’est pas un individu qui ne s’estime supérieur à son voisin dans toutes les attributions qu’il préfère. Non, pas un de nous ne consentirait à donner sa nue personne en échange d’un autre également dépouillée de titres, de prestige et de fortune.

L’homme est bien fait ainsi. Cette bonne opinion qu’il a de lui-même sauvegarde sa liberté propre et maintient l’harmonie dans notre petit monde au moyen de la variété.

Dès que nous nous écartons de cette notion de diversité, nous arrivons à celle de similitude ; de la notion de similitude nous passons à celle d’égalité par un tout petit sophisme à la façon de Ba-