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seront faits sur le modèle de Baal, avec une tête d’argent, des mains de cuivre et un lingot pour cœur ! Car l’homme ne placera plus son bonheur dans la soif de l’or. Car les déshérités briseront les images ; ils deviendront féroces, impitoyables, avides de jouissances, buveurs de sang. Ils glisseront leurs corps dans le lit des princesses et leurs mains dans les coffres-forts. Et l’épargne de bien des siècles sera dissipée, lavée, remise en circulation par eux en quelques jours de guerre civile.


Les visions de vengeance m’obsèdent ; il faut que je pousse des cris déchirants ! Les cieux vont faire pleuvoir sur les privilégiés des glaives de justice. Les flammes seront les robes écarlates des cardinaux et des juges tremblants. Le sol s’ouvrira sous les propriétaires pour qu’ils assouvissent enfin leurs convoitises d’argile. 71 Les forêts marcheront en agitant dans l’air leurs panaches touffus. Les montagnes crouleront et formeront des lacs en arrêtant le cours des torrents débordés. Les glaciers, les volcans et les mers seront de la fête ; ils chanteront aux prêtres éperdus un terrible Stabat. Les rayons des astres deviendront plus rouges que des traînées d’éclairs. J’entends venir les guerres, les soulèvements et les désastres qui remuent les empires jusqu’en leurs profondeurs. De son pied qui jamais n’arrête, la Révolution fouille parmi les Civilisés comme bûcheron en fourmilière. Pour ma part, je m’estime heureux au même titre que l’antique Bias et le moderne