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viendront avec joie prendre part aux festins des hommes moins cruels !

En ces temps de liberté, de grâce, de bonheur et de fêtes, chacun choisira son costume dans l’étoffe et la couleur qui lui plairont davantage. Les tailleurs seront quelquefois consultés, rarement obéis. La forme, la longueur, l’ampleur des vêtements seront déterminées par la taille, la corpulence, les allures et la profession des individus. En général les hommes seront mis simplement et commodément. Quant aux femmes, elles rivaliseront de coquetterie naturelle ; elles imagineront des parures qui feront valoir leurs charmes, leur démarche et leur maintien ; elles seront remarquées pour leurs goûts et leurs caprices. N’étant plus enflées par les jupons et les accessoires, délivrées de tout corset, elles prendront enfin confiance en elles-mêmes ; elles croiront à leur mission sociale, à leurs droits équivalents à ceux de l’homme. Alors chacun étant différent de tous, l’originalité des costumes ne sera plus un ridicule, mais au contraire une qualité bien essentielle et comme le cachet apposé sur les caractères. Alors l’individu sera libre dans ses habits comme dans ses actes, comme dans ses discours. Alors la diversité remplacera l’uniformité ; l’animation, la monotonie ; l’assurance, la timidité ; et l’expansion, la crainte. La société des hommes se distinguera davantage de celle des animaux domestiques qui tous ont même pelage, même pas pesant ; elle sera plus conforme aux vœux de la nature, plus sem-