Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mique est applicable à tous les caractères, à toutes les intelligences, à toutes les tailles, à tous les vêtements ! Quel siècle, celui dans lequel les hommes cherchent à se défigurer le plus régulièrement 59 possible pour se rendre égaux ! Siècle où l’on est caricaturé, rapetissé, dénaturé, où l’on n’apprécie les gens qu’à la qualité de leur linge, où l’individu met tout son orgueil à réaliser le plus exactement possible les belles images du journal des modes !


Tout tombe sous le fer des prêtres de Psyché. Devant leur stupide déesse ils immolent en holocauste les longs cheveux qui encadrent si gracieusement les jeunes visages, les barbes soyeuses qui complètent l’expression de la physionomie, les couleurs naturelles qui lui donnent une animation propre. De leurs grossières mains ils veulent corriger la nature et retoucher l’ouvrage des années diligentes. Mais réjouissez-vous donc, civilisés, vous êtes comme des joujoux de carton entre les mains des coiffeurs, des tailleurs et des apôtres de Saint-Crépin ! L’homme, le roi de la nature, s’est incliné sous le peigne, le tranchet et le ciseau. Il râle dans un corset, souffre à pleurer dans des bottes vernies ; son front, son noble front porte la rouge empreinte du chapeau meurtrier.


Oh ! la très glorieuse, la très divine Mode, la mode tant célébrée, tant fêtée de nos jours, l’impudique, la banale, la laide, la traînée partout,