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réats des matinées, veillées et athénées littéraires, fronts étroits, crânes vides, couronnés par la blanche main des basbleus célèbres !…

Je promène sur la terre d’exil un colossal dédain pour vos personnes et vos denrées de mauvais aloi. Autant vous êtes, journalistes, autant, je vous le dis, il y a de blagueurs, d’écorcheurs, d’empoisonneurs au monde. Je suis fâché si vous ne trouvez pas ces expressions parlementaires, Messeigneurs, Nosseigneurs, mais j’appelle tout par son nom, journalistes, avocats, médecins et fripons. Peu vous importe au surplus l’opinion d’un va par la terre comme moi, d’un anarchiste chassé de cette glorieuse France sur laquelle vous répandez librement vos élucubrations quotidiennes.


Librement ! Vous libres !… Oui, sous l’œil de la censure la plus aveugle, la plus brutale, la plus ignare, la plus policière qui fut jamais ! Libres comme les nains et mauvais plaisants qui récréent 50 les princes ! Libres de rendre compte des petits soupers et des grands levers de votre Impératrice, de sa position intéressante, de ses ablutions, des mille grâces, indispositions, caprices, boutades, et bons mots émanés de son auguste personne ! Libres comme des écoliers, des ânes ou des domestiques ! Libres comme l’oiseau vert-vert qui répète les paroles abêtissantes que lui apprend son maître ! Libres comme l’insecte dont l’enfant cruel modère à son gré l’essor avec un fil ! Libres comme le hanneton ! ! !