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Instruction publique

est une trouvaille moderne qu’ignoraient les soudards qui n’avaient qu’un but, nous chasser de devant leur face, comme le simoun balaie de son chemin les tourbillons de sable qui essaient de résister à sa puissance destructive. The British and Canadian school sur la rue Lagauchetière, fut établie le 21 septembre 1822 avec des fonds fournis partie par la législature et partie par contributions volontaires. En 1826, cette institution comptait 275 élèves dont 135 catholiques. Par contre, l’École des Frères des Écoles chrétiennes enseignait le catéchisme et la lecture de la Morale en action à 300 élèves. The National school sur la rue Bonsecours fut érigée en 1816, sous la direction de M. et Mme Rollet, 36 canadiens et 120 Anglais fréquentaient cette institution. Comme on le voit, les Canadiens-français se tenaient sur la défensive. Ils boudaient l’école anglaise, poussant le patriotisme jusqu’au point de laisser leurs enfants sans instruction plutôt que de leur permettre la fréquentation des institutions, dites nationales, et d’où la langue française était systématiquement exclue. D’ailleurs, on n’était pas encore convaincu de la nécessité du savoir. Quand il y en avait un dans la famille qui savait lire l’imprimé et l’écriture, on n’en demandait pas davantage. Les aînés d’une famille de quinze ou de vingt contribuaient avec les parents à l’élevage des enfants. Si c’était une fille, elle berçait toute la nichetée et ne trouvait d’autre expédient pour échapper à cet assujettissement que d’épouser le premier qui se présentait et procréer à son compte. Vers la quarantaine, quand elle avait fait le tour de son jardin, se reposer sur ses filles comme on s’était reposé sur elle. Les premiers nés avaient la tâche d’aider le père à nourrir la nichetée. À la campagne, un gosse de douze ans trayait les vaches, faisait le train, battait au fléau, fauchait le foin et moissonnait le sarrazin. C’était un petit homme qui savait à peine compter sur ses doigts et qui « encochait » le cadre de la porte ou une baguette de cèdre pour tenir ses comptes. Souvent, il n’avait pas fait sa première communion, parce qu’il lui était impossible de s’entrer dans la tête les demandes et réponses du petit catéchisme, le premier livre imprimé à Québec.