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Papineau

les étapes d’un affaiblissement progressif, on constate sa dissolution, comme parti politique et national. À une période de lutte succède un affaiblissement moral et une dépression matérielle, inexplicables pour la plupart des moralistes. Quel que soit le vague des statistiques, dans les dénombrements généraux de la population, on remarque en même temps une diminution marquée des adhérents au protestantisme et la fermeture de plusieurs églises. Virtuellement, il y a eu atrophie et extinction spontanée du protestantisme français au Canada. S’il bat encore de l’aile, c’est comme un papillon fixé au mur par une épingle. Il règne aussi un découragement général en face des temples vides ou convertis en cinémas. Devant cette stagnation débilitante et en face d’un ennemi qui se porte si mal, l’Église a désarmé. Elle suppute qu’à vivre ainsi d’une vie purement végétative, sans un idéal patriotique, il faudra bien peu de temps à l’Église réformée du Canada pour qu’elle meure de sa belle mort. Voici à notre humble avis les causes de l’affaiblissement du protestantisme au Canada :

1. Les anglicans et les méthodistes se sont extériorisés de la vie nationale et du mouvement des idées. Ils n’ont pas coopéré à la formation de notre littérature. Ils se sont tenus en dehors de nos luttes politiques. Comment espéraient-ils obtenir des adhésions en se désintéressant de tout ce qui nous intéresse ? Sans doute, les premiers torts sont du côté des catholiques, qui systématiquement, les ont ostracisés. On sait que les règlements de la société Saint-Jean-Baptiste excluent les Réformés français de cette association nationale, ce qui n’était pas dans la pensée de son fondateur, Ludger Duvernay. Quelques esprits libéraux protestèrent mollement contre ce règlement abusif qui privait notre société nationale d’une élément de vigueur, mais la majorité le maintint. C’était assez difficile de forcer les portes de cette mauvaise volonté trop évidente, et les protestants, par fierté, s’en tirent à une attitude froide et dédaigneuse, attendant l’heure favorable, quelque événement propice, pour rentrer dans le giron de la famille.