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Discours de Papineau

gences d’origines ou de croyances s’harmoniseront et concourront ensemble et simultanément au développement des forces et de toutes les ressources sociales.

Ce noble programme, que vous avez affiché et qui vous a attiré de l’opposition de la part de ces ennemis de la raison et de la pensée qui ont souhaité la dispersion de l’Institut et de ses livres, doit rallier autour de vous l’appui et le bon vouloir de tous les citoyens instruits et éclairés, de tous les patriotes qui désirent vraiment le bonheur et la grandeur de notre commune patrie, à nous tous, Canadiens natifs et d’adoption.

Cet appui vous le méritez. Vous l’avez conquis ; il vous restera, je n’en doute pas, et personne ne saurait s’en réjouir plus que je le fais. »

Imaginez un peu le délire de l’assemblée, quand le héros octogénaire miraculeusement conservé jeune par son patriotisme, laissait échapper de ses lèvres ces paroles ardentes ! Ah ! il est tombé en splendeur, celui-là, ainsi que le chêne des forêts électrocuté par la foudre, la tête pleine d’idées ailées comme des oiseaux ! Nous avons eu des hommes qui ont exprimé d’aussi beaux sentiments, mais dans leur prime jeunesse. À quarante ans, ils étaient déjà éteints, parce qu’ils avaient renié leur patrie. Mais, chez Papineau la flamme monte toujours plus haute, plus claire. Ce crépuscule emplit le ciel et l’astre s’abîme dans la grande ombre sans déclin, sans un nuage sur sa face. On comprend, en lisant ce discours, l’admiration des Américains pour Papineau, bien que la parole écrite ne lui rende pas justice : sa prose sans le verbe est glacée comme ces mondes lunaires, d’où le soleil s’est retiré.

Le Democratic Review de Washington, fait ce bel éloge du grand homme canadien : « Par la somme de ses connaissances et par la rectitude de son jugement, M. Papineau est un des plus grands hommes des temps modernes. Aimable, poli, courtois, ses dons naturels égalent son instruction, et sa puissance intellectuelle. Il est difficile d’aborder un sujet de conversation, soit politique, soit littéraire, soit scientifique, où il ne brille pas : il a, comme les corps lumineux, la propriété d’éclai-