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Papineau

Ils ressemblaient à ces hommes du Moyen-Âge dont l’âme était vendue au diable ; ils savaient que chaque jour les rapprochait de l’échéance et ils ne faisaient rien pour conjurer la damnation irrévocable…

Laissons nos détracteurs crier à l’impuissance congénitale de notre race, quand notre infériorité n’est qu’accidentelle. Si on prend prétexte du mélange des races pour nous amoindrir, pour expliquer notre paresse littéraire, notre manque de méthodes, la médiocrité de notre inspiration, rappelons-nous que la thèse de Gobineau sur la pureté des races a reçu son coup de grâce par la défaite physique, intellectuelle et morale des Allemands à la dernière guerre. Il n’y a ni tare ni péché originels, mais seulement des circonstances malheureuses, des hasards contraires, un jeu de forces aveugles ou conscientes dont on ne voit que les effets sans en comprendre les causes. Pris entre deux tyrannies, celle du corps et celle de l’esprit, tout ce que nos pères purent faire fut de sauver leur vie. À ceux qui nous reprochent notre Saint-Jean-Baptisme, notre indigénisme, montrons la plaie de notre côté, celles de nos mains et de nos pieds, par où le plus pur de notre sang a coulé. S’ils ne sont pas de parti pris, ils comprendront que cette déperdition de sève vitale a causé l’anémie de notre corps social et que le mal n’est pas sans espoir.