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Papineau

et les conséquences qu’entraîne leur décadence par rapport à la Grande Bretagne » ; « Analyse d’un entretien sur la conservation des Établissements du Bas-Canada, des lois et des usages de ses habitants » ; « Considérations relatives à la dernière révolution de la Belgique et de la crise ministérielle ». Quand on a pu persuader à ses adversaires qu’ils avaient tout avantage à être justes, la cause est bien près d’être gagnée. M. Viger a su parler éloquemment au ventre de John Bull, il avait touché le point sensible.

Michel Bibaud a couvert tout près d’un siècle de sa prose. Ce fut un bûcheron des lettres qui ne jeta le manche après la cognée que pour mourir. Sa hache fut ramassée par ses descendants. Il fit paraître en 1830 le premier volume de poésie canadienne. C’étaient des satires imitées de Boileau. On ne savait pas encore plagier.

Il avait eu pour précurseur Joseph Quesnel, un Français dont il ne fut pas digne de dénouer les souliers, et comme rival Joseph Mermet, poète à la verve étincelante. Il y a des pensées et des images dans leurs vers. Bibaud se rend compte de son infériorité, bien qu’il n’ait pas fait de plus mauvais vers que Fréchette et Chapman, ces deux geais qui se sont arraché mutuellement leurs plumes de paon. C’est lui qui alluma le flambeau que brandissent orgueilleusement les Charbonneau, les Desaulniers, les Morin, les De Lahaye, les Lozeau, les Beauregard, les Chopin, les Dugas. Qu’il a dû battre longtemps le briquet avant de faire jaillir l’étincelle créatrice ! Cet auteur est touchant dans son amour de l’art, dans son impuissance d’atteindre au beau qu’il entrevoit, sans pouvoir épouser la forme de son rêve qui se dérobe désespérément à son étreinte.

Voici une des satires de Bibaud.

LA RÉÉLECTION

Il faut récompenser la chambre
Après la dissolution,
Pour y rentrer un ancien membre
Brigue la réélection.