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la terre ancestrale

Plus loin, il rencontra deux compagnons de la veille, arrêtés et relâchés comme lui.

— Hurrah pour toi, Rioux ! s’exclama l’un d’eux ; te voilà maintenant un vrai Québécois ; marche avec nous. Tu te bats comme un chien ; c’est des gars comme toi qu’il nous faut. Si tu veux, tu vas entrer dans la bande de Ti-Lou ; nous allons vider les tavernes à la demande. On a bien commencé hier soir ; as-tu vu la raclée qu’ils ont reçue ? Si Gus Moreau n’a pas la gueule cassée, ce n’est pas ma faute, je lui ai relevé la margoulette avec une bouteille. Ça nous a coûté dix piastres, mais c’est égal, je suis content de ma soirée. À cette heure, mon vieux, allons fêter notre victoire ; on a le temps d’entonner plusieurs pintes et de se mettre joliment en ribote avant d’aller travailler.

— Non, je suis malade et je vais me coucher, répondit Hubert.

— Tu ne sais pas, dit l’autre compagnon, ce que j’ai appris tantôt à la taverne ? Il paraît que c’est ce chien de Delphis qui a appelé la police pour nous faire arrêter.

— Est-ce bien possible ? mais, il était avec nous ! Bonjour, je suis fatigué et vais me reposer avant le travail, termina Rioux.

À la pension, la vieille femme ne le reçut pas aussi mal qu’il s’y attendait. Il monta à sa chambre et s’y