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la terre ancestrale

— Je n’ai pas d’argent.

— Comment, pas d’argent ! alors c’est la prison pour quinze jours.

Le pauvre garçon avait envie de pleurer.

— Je ne veux pas y retourner en prison, j’en ai assez de la nuit.

— Alors mon garçon, il faut payer ; il n’y a pas autre chose à faire. Tu n’as pas d’amis qui pourraient t’avancer le montant ?

— Oui, j’en ai, mais comment les atteindre ?

— Viens au téléphone.

Hubert appela tous les amis qu’il se connaissait. Personne ne put l’aider ; même ceux pour qui la veille il s’était battu se dirent incapables de lui porter secours. Ne sachant où donner de la tête, il risqua une tentative désespérée ; il s’adressa à sa terrible maîtresse de pension :

— Madame Rudineau ?

— Oui.

— Écoutez, madame Rudineau : c’est Hubert Rioux qui parle. Hier soir, on a pris un coup, puis on a été attaqué et obligé de se battre. À cette heure, le juge me charge dix piastres pour me libérer. Vous ne pourriez pas me les passer sans trop vous déranger ?

— Comment ! chenapan ! te voilà en prison ! tu ne l’as