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la terre ancestrale

Il était couché sur le parquet, étourdi, l’estomac en feu, la tête endolorie. Ses premiers regards tombèrent sur les barreaux de la grille qui le retenait captif. Il comprit aussitôt. Dans la geôle, lui, Hubert Rioux, lui qui appartenait à une famille sans taches. Ah, si les siens savaient cela : si les gens de la paroisse l’apprenaient ! Son esprit, lourd encore des libations de la veille, petit à petit, devint plus lucide. Vaguement, il se rappela une terrible bagarre dans une taverne, des hommes à terre, du sang. Juste ciel ! s’il avait commis un meurtre ! Rendu nerveux par les excès, à cette pensée, son cœur se serra, il faillit perdre connaissance. Il voulait savoir, il voulait connaître des détails. Il appela : pas de réponse : il secoua les barreaux de sa cellule : rien ne bougea. Il attendit dans les transes.

Quelques heures après, deux gendarmes vinrent le chercher pour le conduire devant le juge :

— Qu’est-ce que j’ai fait ? leur demanda-t-il.

— Tu le sauras bien tantôt, répondit rudement l’un d’eux.

Il parut devant le tribunal.

— Votre nom ?

— Hubert Rioux.

— Domicile ?

— Rue St-Paul.