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la terre ancestrale

déluré, joyeux compagnon, Rioux s’en donnait-il quelquefois plus qu’il n’eût désiré. Les soirées se passaient au théâtre et plus souvent dans les buvettes. À ce jeu, il attendait toujours son salaire de la semaine. Jamais plus riche, jamais plus heureux. Dix heures de dur travail pour une veillée de plaisir souvent malsain. La même vie triste et inutile, tous les jours de la semaine, toutes les semaines de l’année et peut-être toute la vie. Le salaire de chaque jour à peine suffisant pour vivre ; pas plus d’épargnes d’un mois à l’autre.

Petit à petit, Hubert en vint à faire le coup de poing dans les tavernes et aux coins des rues. Ses compagnons, spéculant sur sa grande force musculaire, attisaient des chicanes, comptant sur lui pour rester maîtres du terrain. Un soir, à la suite d’une de ces rixes, poursuivi par un gardien de la paix, il arriva chez lui à moitié ivre. Une lettre de sa sœur l’attendait.



Mon cher Hubert : —

La fatigue de la journée m’accable, mais pas au point de m’empêcher de t’écrire. Tout est bien silencieux à la maison ce soir. Papa, se levant avec le soleil, ne tarde pas à se mettre au lit. Moi, je n’ai pas sommeil et je voudrais