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la terre ancestrale

IV

Triste début

À la gare de Lévis, Hubert chercha vainement Delphis Morin. Plusieurs fois, il tenta de s’en informer, mais aussitôt, par timidité, il s’en abstenait : le public s’occupait si peu de lui. Un peu désorienté, il se décida à suivre la foule. Il observait de tous ses yeux, afin d’imiter les autres voyageurs ; il craignait tant de paraître nigaud. De cette façon, il parvint à l’embarcadère du bateau, paya son billet et, sans attirer l’attention, se trouva sur le traversier. Durant tout le trajet, il se tint sur le pont, parmi les voitures, s’émerveillant des évolutions du vapeur à travers les banquises, et de sa puissance à fendre d’énormes glaçons. Du fleuve, la ville de Québec lui parut énorme, imposante, juchée dans les cieux. Elle lui représentait l’inconnu, le mystère ; la seule pensée de s’y aventurer lui donnait le frisson.

Là où il se sentit bien hébété, ce fut quand il aborda sur la rive nord. Tout un rang de cochers gesticulaient en criant ; « Voiture, messieurs ; » « carriole, madame. » De l’œil, du bras, même du doigt, s’adressant à tel ou tel voyageur en particulier, ils employaient tous les accents de la