Page:Côté - La Terre ancestrale, 1933.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
la terre ancestrale

famille. La cuisine embaumait de la cuisson des beignets, pâtés, poulets, lièvres et autres mets canadiens. Chacun, à tout instant, allait regarder à la fenêtre, mettre l’oreille à la porte. Aussi, combien de fausses alertes !

— Tu ne les vois pas venir ; tu n’entends rien ?

— Non, tiens oui, une voiture ; ah non, ce n’est pas cela, elle passe.

— Comme ils retardent ! J’espère qu’ils n’ont pas eu d’accident et que personne n’est malade.

— Voyons ma pauvre femme, donne leur le temps ; on sait ce que c’est que de préparer les jeunes et de tout mettre à l’ordre avant de partir.

— Bon, cette fois ce sont eux.

Deux voitures, chargées d’enfants, arrivaient à fond de train pour s’arrêter juste devant la porte. Jean Rioux et son fils sortirent aussitôt pour aider ; les femmes attendirent sur le seuil. On s’interpellait, on se saluait à grands cris. Les jeunes mères, avec leurs enfants, se dépêtraient à grand’peine de l’amas de fourrures. Puis les hommes se rendirent à l’étable pour y dételer les chevaux. Ils s’y attardèrent à examiner les bêtes, à critiquer leurs mérites et à causer d’élevage. Pendant ce temps, Adèle et sa mère recevaient les petits à pleins bras. Tout en les débarrassant de leurs chauds habits, elles ne cessaient de les