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la terre ancestrale

— C’est que, mon cher Hubert, j’ai appris à mieux regarder. Pour jouir de ces choses, il faut connaître le moyen de les bien voir. Il ne faut pas les contempler comme l’animal qui rumine au bout du champ, mais comme l’être intelligent et dont l’âme est semblable à son Créateur. Oui, par l’étude, j’ai appris à mieux voir. Certains auteurs : Fabre sur l’entomologie, l’abbé Moreux sur l’astronomie, nous dévoilent des horizons qui, notre vie durant, nous permettent d’admirer sans cesse de nouvelles merveilles.

— Toi, Adèle, tu as toujours eu une tendance à devenir une lettrée, une véritable savante. Comment se fait-il donc que tu puisses te plier aux travaux du ménage, et surtout, au dur labeur des champs ?

— D’abord, pas de flatteries : tu es resté, je pense, un peu pince-sans-rire. Je n’ai qu’un petit bagage de connaissance que je développe de mon mieux. Pour travailler, il n’est pas nécessaire d’être ignare. Le travail d’une personne instruite, surtout celui de la terre, est plus intelligent, plus attrayant que celui de l’automate qui travaille comme le bœuf laboure. Une personne intelligente, — je ne veux pas me mettre en cause — une personne intelligente ne s’ennuie jamais. Comment se fait-il que la campagne t’assomme, toi qui n’es pourtant pas une bête ? Tu vois, notre cher père : son instruction n’était pourtant pas très forte ; eh bien,