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la terre ancestrale

la campagne pour la connaître ; or, la connaître, c’est l’aimer. Ici, je trouve intérêt à tout ; j’étudie le simple brin d’herbe ; que de variétés curieuses je découvre. As-tu examiné soigneusement les fleurs sauvages ? Quelles formes capricieuses on y rencontre ! Chacune pousse en son temps, dans le sol qui lui convient et produit des rejetons qui lui sont semblables. As-tu étudié les insectes et leur mode d’existence ? As-tu constaté comme certains sont d’habiles ouvriers et d’autres d’impitoyables chasseurs ? Et les arbres de toute taille et de toute forme avec la fine dentelure de leurs feuilles ? Chacun, pour un observateur, a son symbole ; l’orme annonce le courage et la force confiante, le peuplier élancé respire l’orgueil, le bouleau paraît pleurer, le mélèze est rêveur, l’érable nous semble gai, l’épinette est mélancolique. Bref, la vie est trop courte pour nous permettre de contempler à notre aise toutes les beautés de la nature.

— La nuit sans lumière électrique dans les rues, quand il fait noir comme dans un four, c’est joli, hein ?

— La nuit ? Mais, c’est splendide. On y entend une foule de bruits, de susurrements, qui ne frappent pas notre oreille durant le jour. Pour moi, les sons de la nuit sont tout différents de ceux du jour ; je trouve minuit plus bruyant que midi. La nuit, j’entends de ma chambre le roulement des vagues, le jour, non. La nuit est plus parfumée