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la terre ancestrale

ville ; il y a des parcs avec de l’herbe, des fleurs et des arbres ; il y a la terrasse d’où la vue est incomparable.

— Je conviens que Québec est une des villes les mieux situées. Si j’étais obligée d’en adopter une, je choisirais celle-là. Cependant, tes parcs, ta terrasse, on n’est pas toujours dessus, on n’y va que pour une courte promenade et sous les regards d’une foule de curieux. On ne peut rien contempler sans que quelqu’un nous observe. À part cela, des arbres et des fleurs qui ne nous appartiennent pas sont beaucoup moins beaux. Y a-t-il une satisfaction comparable à celle que l’on éprouve quand, après avoir semé une petite graine, on la voit devenir plante, on suit son développement, on la regarde s’épanouir en une gerbe de belles fleurs. Et l’arbre que l’on plante tout petit et qui, après quelques années, nous couvre de son ombre. On se sent l’aide du Créateur ; en soi-même, on est extrêmement fier de cette coopération, et c’est justice.

— Pour tout cela, il te faut un travail ardu : la bêche, le sarclage. Moi. à la ville, je n’ai qu’à regarder.

— Comme tu as des idées difficiles à comprendre ! Être la cause, l’auteur de quelque chose, c’est là qu’est le plaisir. Que me feraient à moi des fleurs qui ont été semées je ne sais quand, par je ne sais qui, dont je ne connais pas le mode de culture et à peine le nom ? Il faut savoir regarder