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la terre ancestrale

La maison était pleine de monde : parents, amis, simples connaissances. On parlait à voix basse, sans entrain, pour dire des mots. À l’entrée du fils cadet, les conversations cessèrent subitement : et ce n’était qu’un silence plus complet. Lui, dans une demi inconscience, ne salua pas, ne distingua personne : il ne vit autour de la salle qu’une assemblée de gens muets. Sa sœur Adèle lui sauta au cou et pleura sur son épaule : l’émotion avait devancé la timidité qui, d’ordinaire, maîtrise l’expansion des sentiments. Le frère, pressa tendrement contre lui sa sœur préférée, l’embrassa, puis à pas précipités se dirigea vers la couche funèbre. Là, à genoux, la figure cachée dans les mains, il laissa couler ses pleurs : tous les assistants entendaient ses sanglots. Les hommes, discrets, mais ne pouvant retenir des larmes silencieuses, cherchaient à les cacher : les uns, se penchant, vidaient leurs pipes en les frappant avec bruit : d’autres les allumaient en se levant comme pour se dégourdir les membres : plusieurs sortirent, prétextant une visite aux chevaux. Les femmes, plus nerveuses, ne pouvant cacher leurs plaintes, se dispersèrent isolément dans d’autres pièces.

Hubert, toujours à genoux, pleurait et priait. Implorait-il le pardon, faisait-il des promesses, demandait-il la permission de faire ce qu’il croyait être juste ? À mesure