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la terre ancestrale

brillante. Rioux, tout en se rafraîchissant, fureta ici et là, pour s’assurer que rien n’aurait à souffrir de la nuit, car il prévoyait une forte gelée. Satisfait, il entra dans la maison.

— Mon pauvre ami, dit sa femme, te voilà tout mouillé ; qu’as-tu donc fait ?

— J’ai déchargé mon voyage de grain et j’avais hâte d’en finir.

— Au moins, tu ne vas pas boire d’eau froide, dans cet état. Il y a encore du thé chaud ; veux-tu en prendre une tasse ? cela va te stimuler.

— Non, je n’ai pas soif.

— Tu n’as pas bu d’eau froide, j’espère ?

— Voyons, quand même j’aurais bu quelques gorgées d’eau : je l’ai fait tout ma vie et je ne suis pas mort.

— Je ne te comprends pas ; te voilà qui raisonnes comme un enfant. Si tu as impunément commis des imprudences quand tu étais jeune, tu ne devrais pas oublier que nous n’avons plus vingt ans.

— Cesse donc de critiquer et chauffe ton poêle ; il fait si froid que j’en ai le frisson.

Sa femme le regarda avec inquiétude. Le poêle ronflait, bourré de bûches d’érable ; la maison était surchauffée. Vivement, l’épouse dévouée fit boire à son homme, coup