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la terre ancestrale

— Ta pièce de foin d’en haut est-elle prête à être rentrée ?

— Oui, je vais tâcher d’en sauver ce que je pourrai aujourd’hui.

— Les garçons ont fané la mienne ce matin ; elle est prête plus tôt que je ne le croyais. Si nous pouvons finir de bonne heure, nous irons te donner un coup de main pour la tienne.

— C’est bien bon de ta part, Pierre, mais je t’assure que durant les foins, tu en as bien assez à faire chez toi.

— Entre voisins, il faut s’aider. Quand j’ai besoin d’un service, je te trouve toujours ; eh bien donne-moi une chance de te rendre la pareille. Nous sommes à la nouvelle lune et je crains le « nordet » pour cette nuit ; il n’y a pas à lambiner.

— C’est bien, je ne te refuse pas ; j’ai peur aussi du mauvais temps qui me ruinerait ma pièce de foin. Tout de même, ne laisse rien de côté pour moi.

— Mais non, mon foin dedans, je n’ai rien à faire du reste de la journée.

Morin avait entendu cette conversation. Il partit en se disant que les voisins dans la ville n’avaient pas tant d’égards les uns pour les autres.

— As-tu vu le garçon de Charles Morin ? demanda