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la terre ancestrale

deur, mi-souriant :

— Je viens, annonça-t-il de voir une chose renversante : Delphis Morin qui arrive de Québec en automobile ; et une machine lui appartenant, à ce qu’il dit.

— Ah bien, tu m’apprends là une nouvelle incroyable, répondit sa femme : le garçon de Charles Morin qui marche comme un millionnaire ?

— C’est comme je te le dis : il est arrêté au « faubourg ; » il y a tout un rassemblement autour de lui. Dès qu’il m’a aperçu, il est venu me donner la main, m’a dit que je rajeunissais, s’est informé de toute la famille ; il doit arrêter vous voir en passant. Il voulait me faire attendre pour me faire monter avec lui. Il a joliment le tour de faire le monsieur ; on dirait un ministre qui visite son comté ; avec cela, pas laid garçon.

— Je t’assure mon pauvre vieux, constata l’épouse, qu’à la ville on peut s’attendre à tout ; ils vous revirent un homme pour le bien ou le mal en un tournemain.

— Il y a toujours bien du sortilège là-dedans. D’après monsieur le curé et Jean Rioux, par là, les gens crèvent de faim ; ils viennent se promener à la campagne pour s’engraisser. D’après Jean, ce serait tous des chenapans, des vauriens, des renégats. D’un autre côté, je vois Delphis Morin, parti d’ici depuis peu, avec la seule chemise qu’il