Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
le forgeron de thalheim

castique, voici la grande arme de réserve ! La reconnaissance ne va pas si loin. Et puis, votre Robert n’a fait que son devoir, tout le monde eût agi comme lui. En outre, est-ce bien vrai, ce que tu me dis là ? Mon cheval serait revenu à la maison, tout bellement, comme cela arrive quelquefois. Au surplus, je crois avoir prouvé que son action m’a inspiré pour lui beaucoup d’estime : je l’ai invité à dîner, il s’est assis à ma table — ce que je n’aurais jamais dû faire, car je lui ai offert l’occasion de voir Suzanne, de lui parler et de lui avouer son amour, au dos des parents. Dame ! J’ignorais qu’un forgeron pût songer à ma fille !

— Joseph Teppen, riposta Käthel, c’est assez de refuser, n’insultez pas mon fils ! Si vos richesses vous élèvent tellement au-dessus de vos semblables, vous, jadis pauvre, je vous plains, et je vous trouve bien malheureux. Robert a un état honorable, aussi honorable que le vôtre, ne vous en déplaise. Cette digne femme que voilà, qui était plus riche que vous, n’hésita pas, cependant, à vous donner sa main, parce qu’elle vous avait donné son cœur. En ce jour, et d’une façon très cruelle, vous brisez l’existence de Robert, vous le