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bandiers, sur le Doubs, ont rebroussé chemin. Comme un vaisseau sans pilote erre à l’aventure sur la mer houleuse, de même ils ne savent plus à quel parti s’arrêter. Ils ont bien toute confiance en Emile Brossard ; mais ce dernier ne veut pas se mettre à leur tête. En premier lieu, il estime que l’on doit songer à Maurice : sa liberté avant tout. Au surplus, un soupçon le tourmente : la présence des douaniers, au moment même où son ami a quitté la barque, lui paraît suspecte. Ce n’était pas un effet du hasard seul, il appréhendait une trahison.

— Voyons, mes garçons, disait M. Viennot, il est bientôt six heures et nous n’avons encore rien décidé. Cependant, il me semble que la chose est bien simple : ou il faut aller aux renseignements pour connaître l’endroit où l’on a conduit Maurice, ou il faut continuer sans lui. Emile Brossard sera votre chef.

— Permettez, M. Viennot, je n’accepte pas. J’ai un ami, cet ami a peut-être besoin de moi. Mon devoir est de partir, de le retrouver, si possible. Je l’eusse déjà fait, mais je voulais causer avec vous. J’avais à vous remettre les marchandises que nous n’avons pas