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déjà mort qu’elle n’avait pas encore eu le temps de se révolter contre le projet de son homme. Elle eut la brutale intuition que, dès cette heure, sa destinée était à jamais rivée à celle de Jean Gaudat : étant coupables ensemble, ensemble ils expieraient. Oh ! si, du moins, la mesure avait été comble ! Mais, quelques années après, deux personnes avec une enfant pénétraient de nouveau sous leur toit. C’étaient Claire de Bellefontaine, Yvonnette et un domestique. La jeune femme était malade, elle ne put continuer sa route. Le serviteur, la confiant aux soins de l’aubergiste, voulut rentrer en France pour avertir l’oncle de sa maîtresse. Jean Gaudat le fit monter dans une barque : un instant après, le Doubs roulait son cadavre. Ah ! cette fois, il le tenait, le plan infaillible ! Le domestique mort, la mère morte, il ne resterait plus que la fille. À la majorité de celle-ci, on ferait valoir ses droits à l’héritage de l’oncle. Mais, avant tout, il fallait faire parler la dame. C’est ainsi que le mari de Catherine en avait décidé, malgré les protestations de cette dernière. Hélas ! Claire de Bellefontaine était dans une situation beaucoup plus grave qu’on ne le supposait d’abord. Le soir même, prise