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chant, ils s’entretenaient de leur existence et du but de leur promenade.

Il faisait un temps clair, le soleil de janvier épandait ses rayons sur le sol, mettant des milliers et des milliers de paillettes d’argent sur le blanc suaire de neige qui enveloppait les pentes des collines. Les gorges du Doubs avaient changé d’aspect. Le paysage était devenu sévère, avec une teinte plus ou moins uniforme, aveuglante. Les forêts, portant des végétations de givre, étincelaient également. C’était une abondance de lumière.

Les quelques maisons, éparpillées dans ces côtes, étaient pour ainsi dire perdues sous le vaste amoncellement des neiges. Et, de nouveau, en hiver comme en été, comme toujours, montant du fond de la vallée, on entendait le bruit du Doubs, chanson éternellement monotone qui s’en allait mourir bien loin, dans les plaines de France, où la rivière coule plus tranquille.

— Notre première campagne, disait Maurice, nous a valu de beaux gains. Si le métier de contrebandier est pénible, s’il exige du courage, un réel sang-froid et même un brin de témérité, il faut avouer que l’on y gagne aisément son argent. Je ne m’en étais jamais