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(Un pauvre homme m’interrompt au moment où je vais poursuivre cette lettre à Muzaffarpur, le 21 décembre… pour me présenter une pétition laborieusement écrite en anglais, me demandant de lui aider à reconstruire sa maison. Hélas, impossible !… Ici je ne peux faire de la reconstruction qu’en gros. Si je me mettais à céder à quiconque vient me tirer par mon pan d’habit, ce serait fini, je ne pourrais plus rien faire…

Cependant, grâce à lui, j’ai l’impression que j’ai assez parlé du tchocha : suspendre son nid à deux brins de palmier bien choisis et se laisser courageusement balancer aux plus grands vents ! Il y a là certainement un symbole et une leçon, mais pour le moment, cet homme-là ne saurait pas qu’en faire. Patience !)


Épisodes de voyage, les Sadhous.

Entre les villages, sur la route, les incidents amusants se multiplient. Voilà, avançant de son grand pas régulier en lui-même tout à fait silencieux, mais qu’on entend de loin à cause de la petite sonnette assez ridicule attachée au cou d’un aussi grand animal, la masse formidable d’un éléphant. Chargé de Zamindar et famille, il s’approche d’un de ces misérables ponts en fer (au rabais) sur un des bras du Bhagmati et on le voit quitter la chaussée et entrer prudemment dans la rivière. Interdiction aux éléphants de passer les ponts ! C’est quand même assez bizarre… car on laisse passer des camions automobiles !

Inversement, sur les ponts étroits on a parfois quelque peine à croiser les longues files de chariots indiens à grandes roues qui les traversent. Mais je suis frappé de constater qu’au lieu de suivre la chaussée — déjà pas trop mœlleuse, les malheureux véhicules et les deux petits bœufs à bosses