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sur l’usage d’appliques-candélabres à lucioles par le tchocha. Il y a cependant un fait incontestable et que j’ai sous la main au moment où j’écris : c’est que dans un second nid partiellement démoli qu’on m’a aussi donné à Hazratpur, les deux appliques de boue à gauche et à droite de la cheminée sont parfaitement là. La méthode de raisonnement Baconnien exigerait maintenant qu’on s’informe si des lucioles seules se trouvent collées contre ces plaques ou si des insectes comestibles non lumineux ont aussi cet honneur. On dira — et je dirais volontiers — « Si une chose pareille était vraie… ça se saurait ». Comme le visiteur du château des papes à Avignon qui, sceptique au récit de cet exil, s’écriait lui aussi : « Si c’était vrai, ça se saurait… ». Pour les naturalistes, c’est peut-être une vieille histoire, mais il y a des chances pour qu’ils l’aient démolie. J’ai constaté depuis que parmi les Indiens l’éclairage du tchocha est considéré comme une chose admise et bien connue. Jagadhis explique encore que le tchocha peut facilement s’apprivoiser et qu’il montre, dans cet état aussi, la plus remarquable intelligence. On peut l’habituer à vous apporter des objets simplement en les lui nommant. Je suis prêt à presque tout croire de ce maître constructeur.

Peut-être serez-vous impatientés de cette histoire de nid, que vous aurez peut-être lue cent fois dans des récits de naturalistes ou de missionnaires. L’avantage des voyages à longue distance c’est qu’on s’y croit obligé de regarder un peu plus attentivement et d’admirer un peu mieux ce que le monde vous offre. Il vaut bien la peine d’aller aux antipodes, si c’est la seule manière de voir et de « réaliser » avec toute la vivacité et la fraîcheur désirables les merveilles inouïes qui sont réellement des objets comme la lune, une étoile, un petit papillon de nuit.