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familles, avec un nombre indéfini d’enfants assistant au spectacle. Les femmes, très rares, écoutent quelquefois à distance. Une seule fois, dans ces vingt réunions, une femme a émis une opinion. Elle avait l’air un peu mégère ; c’était un cas anormal, toutes les autres se taisent et obéissent (à moins qu’elles ne commandent par derrière un mari qui en public a l’air d’être le chef, je ne sais). P. avec une bonté et une patience jamais lassées explique l’affaire en douceur : comme quoi le projet de correction de rivières des ingénieurs, s’il s’exécute, prendra du temps et qu’il faut envisager aussi la solution d’installer de nouveaux villages sur terrains plus élevés. Il explique que, dans la règle, chacun devra payer son nouveau terrain, que le gouvernement prêtera l’argent immédiatement nécessaire. L’idée est de fournir de nouveaux logements pas trop loin des champs actuellement cultivés qui, autant que l’inondation périodique le permet, resteront cultivés par les mêmes paysans.

Des questions sont posées, personne ne s’excite et ce qui m’étonne, c’est que sur ce point considérable pour les paysans d’un aussi vaste déménagement, on arrive dans beaucoup de cas à une décision rapide et immédiate. On peut douter que la décision ainsi prise soit très solide. C’est le doute que j’émettais plus haut au sujet des neuf cent soixante familles qui, dans cette région, ont décidé de changer de place. Dans quelques villages on nous répond que la chose sera discutée encore. Il s’agit surtout dans ces cas-là du choix d’un nouveau terrain, de sa position générale que nous laissons au jugement des paysans. Il va sans dire que la question a déjà été tournée et retournée depuis des semaines avant notre arrivée par ces paysans eux-mêmes. La décision n’est pas aussi brusque qu’elle ne paraît.

P. me traduit ce que les paysans disent et je pose aussi