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Je parlais tout à l’heure de sympathie relative pour le ciment et la tôle ondulée ; de même, en présence de cette théologie, on remercie l’Éternel du fond du cœur de ce qu’il existe des Bolchévistes. Si c’est à certains égards une nuit profonde, combien ne paraît-elle pas rafraîchissante.

Pardon à ceux de mes amis que ces remarques pourraient chagriner. Ils diront que nous ferions mieux de ne pas nous appeler « Chrétiens ». Peut-être cela vaudrait-il mieux en effet, afin de marquer nettement que nous ne croyons pas que la religion soit essentiellement attachée à un nom ou à une personne quelconque, si grands qu’ils puissent être. Mais cette religion vivante, telle que nous l’entrevoyons, paraît voisine de celle que Jésus lui-même pratiquait. Il n’était pas « chrétien » non plus dans le sens étroit, quand il a dit dans un heureux moment d’agacement : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Dieu seul est bon. »

Nos lumières sont limitées et l’essentiel peut nous échapper. Encore faut-il avoir le courage de voir, et de constater ce qu’on voit vraiment, quitte à voir mieux demain.


Les « Moussards ».

Ce même vendredi, les Moussards, les pauvres intouchables de Sonathi, qu’on avait réussi à intimider et qui jusqu’ici ne s’étaient pas annoncés, sont venus enfin demander leur place. Tout naturellement, ils ont réclamé d’eux-mêmes le coin le moins bon de notre terrain, le plus bas, celui que les autres ne veulent pas avoir. Je sentais que nous devrions plutôt leur donner la meilleure place. Encore faut-il faire ça avec tact et ne pas les mettre dans une position intenable vis-à-vis du reste du village une fois que nous aurons tourné les talons.