Page:Bystrzonowski - Notice nécrologique sur le général comte de Montebello, 1877.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 2 —


éducation à des maîtres tels que Victor Cousin et le savant Patin.

A cette époque, le même esprit qui animait la jeunesse française régnait aussi en Pologne après la chute du duché de Varsovie. Tous ceux qui pouvaient ne pas servir tâchaient de rester en dehors du service. Aussi, lorsque le conseil de famille eut émancipé notre jeune Gustave et que sa mère, déposant ses comptes, lui eut remis les 2 ou 300,000 francs qui lui revenaient, il les plaça dans un pupitre de bois blanc (la maréchale ne permettait aucun luxe à ses enfants), et il lui dit : « Va, tu ne seras plus le dépositaire de mes pensums. » Et en effet il cessa de se préparer à passer son examen afin d’entrer à l’École polytechnique, d’où son frère aîné Napoléon (le duc) était sorti avec le no 2.

Au lieu donc d’entrer à l’École polytechnique, Gustave de Montebello se mit à voyager, commençant à Vienne par les champs d’Essling, immortalisés par la mort de son père. Le maréchal avait vingt-trois blessures de différents projectiles ; le dernier, un boulet de canon, lui enleva les deux jambes. Aussi, fort longtemps, dans le midi de la France, on chantait une complainte où l’on disait que vainement la Mort avait essayé de s’emparer du maréchal, mais, n’employant que de petits projectiles, elle ne put réussir, car, pour avoir un aussi grand homme, il a fallu fondre exprès un gros, gros boulet.

Le souvenir de la mort de son père fut donc une des raisons pour lesquelles le jeune de Montebello fut accueilli par l’archiduc Charles avec une distinction et une bienveillance toutes particulières. Plus tard, le gé-