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40. C’est ainsi que nous remplissons les ordres des Protecteurs, en ce que nous gardons le trésor de la loi, et que nous l’expliquons aux fils du Djina, semblables à cet homme qui voulait inspirer de la confiance à son fils.

41. Mais nous restons absorbés dans nos pensées de pauvreté, pendant que nous livrons [aux autres] le trésor du Buddha ; nous ne demandons pas même la science du Djina, et c’est cependant elle que nous expliquons !

42. Nous concevons pour nous un Nirvâna personnel ; mais cette science ne va pas plus loin, et nous n’éprouvons jamais de joie en entendant parler de ces demeures qu’on nomme les terres de Buddha.

43. Toutes ces lois conduisent à la quiétude ; elles sont exemptes d’imperfections, elles sont à l’abri de la naissance et de l’anéantissement, et cependant, [nous dis-tu,] il n’y a là réellement aucune loi ; quand nous réfléchissons à ce langage, nous ne pouvons y ajouter foi.

44. Nous sommes, depuis longtemps, insensibles à tout espoir d’obtenir la science accomplie du Buddha ; nous ne demandons jamais à y parvenir : c’est cependant là le terme suprême indiqué par le Djina.

45. Dans cette existence dernière dont le Nirvâna est le terme, le vide [des lois] a été longtemps médité ; tourmentés par les douleurs des trois mondes, nous en avons été affranchis, et nous avons accompli les commandements du Djina.

46. Quand nous instruisons les fils du Djina, qui sont arrivés en ce monde à l’état suprême de Bôdhi, la loi quelle qu’elle soit que nous leur exposons, ne fait naître en nous aucune espérance.

47. Mais le précepteur du monde, celui qui existe par lui-même, nous dédaigne, en attendant le moment convenable ; il ne dit pas le véritable sens de ses paroles, parce qu’il essaye nos dispositions.

48. Mettant en œuvre son habileté dans l’emploi des moyens, comme fit dans son temps l’homme maître d’une grande fortune : Domptez sans relâche, [nous dit-il,] vos misérables inclinations ; et il donne sa fortune à celui qui les a domptées.

49. Le Chef du monde fait une chose bien difficile, lorsque développant son habileté dans l’emploi des moyens, il discipline ses fils, dont les inclinations sont misérables, et leur donne la science quand il les a disciplinés.

50. Mais aujourd’hui nous sommes subitement frappés de surprise, comme des pauvres qui acquerraient un trésor, d’avoir obtenu ici, sous l’enseignement du Buddha, une récompense éminente, accomplie et la première de toutes.

51. Par ce que nous avons longtemps observé, sous l’enseignement de celui qui connaît le monde, les règles de la morale, nous recevons aujourd’hui la récompense de notre ancienne fidélité à en remplir les devoirs.