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C’est comme si un homme, ô Bhagavat, venait à s’éloigner de la présence de son père, et que, s’en étant éloigné, il allât dans une autre partie du pays. Qu’il passe là beaucoup d’années [loin de son père], vingt, trente, quarante ou cinquante ans. Que le père devienne un grand personnage, et que le fils, au contraire, soit pauvre, parcourant le pays pour chercher sa subsistance. Qu’il visite les dix points de l’horizon pour trouver des vêtements et de la nourriture, et qu’il se rende dans une autre partie de la contrée. Que son père se soit aussi retiré dans une autre province ; qu’il soit possesseur de beaucoup de richesses, de grains, d’or, de trésors, de greniers et de maisons. Qu’il soit riche de beaucoup de Suvarnas, d’argent travaillé, de joyaux, de perles, de lapis-lazuli, de conques, de cristal, de corail, d’or et d’argent. Qu’il ait à son service beaucoup d’esclaves des deux sexes, de serviteurs et de domestiques ; qu’il possède un grand nombre d’éléphants, de chevaux, de chars, de bœufs, de moutons ; qu’il ait de nombreux clients. Qu’il ait des possessions dans de vastes pays ; qu’il perçoive des revenus et des intérêts considérables, et dirige de grandes entreprises de commerce et d’agriculture.

Qu’ensuite, ô Bhagavat, l’homme pauvre parcourant, pour trouver de la nourriture et des vêtements, les villages, les bourgs, les villes, les provinces, les royaumes, les résidences royales, arrive de proche en proche à la ville où habite son père, cet homme possesseur de beaucoup de richesses, d’or, de Suvarnas, de trésors, de greniers, de maisons. Que cependant, ô Bhagavat, le père de ce pauvre homme, le possesseur de beaucoup de richesses, [etc., comme ci-dessus,] qui habite dans cette ville, pense sans cesse à ce fils qu’il a perdu depuis cinquante ans, et qu’y pensant ainsi, il n’en parle à personne, au contraire, qu’il se désole seul en lui-même, et qu’il réfléchisse ainsi : Je suis âgé, vieux, cassé ; j’ai beaucoup d’or, de Suvarnas, de richesses, de grains, de trésors, de greniers, de maisons, et je n’ai pas un seul fils ! Puisse la mort ne pas me surprendre dans cet état ! Toute cette fortune périrait faute de quelqu’un qui en pût jouir. Qu’il se souvienne ainsi de son fils à plusieurs reprises : Ah ! certes je serais au comble du bonheur, si mon fils pouvait jouir de cette masse de richesses.

Qu’ensuite, ô Bhagavat, le pauvre homme cherchant de la nourriture et des vêtements, arrive de proche en proche jusqu’à la maison de l’homme riche, possesseur de beaucoup d’or, etc. Que le père de ce pauvre homme