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APPENDICE. — N° VIII.

ces additions singhalaises au lieu et place des définitions des autres listes. Ce qui doit nous guider ici, c’est l’unanimité des listes : un caractère qui se trouve à la fois dans quatre énumérations recueillies, l’une dans un livre sanscrit reconnu comme canonique au Népal et au Tibet, celle-ci chez les Népâlais, celle-là chez les Chinois, la dernière enfin chez les Singhalais, a selon moi une autorité inattaquable ; nous devons l’admettre et le tenir pour ancien. Mais cette autorité et vraisemblablement aussi cette ancienneté décroissent avec le nombre des listes ; de telle sorte qu’un caractère qui n’a plus pour lui qu’une liste, doit de toute nécessité être placé au dernier rang. À ce point de vue l’énumération du Dharma pradîpikâ des Singhalais a une autorité moins grande qu’une liste qui résulterait de la combinaison de celle du Lalita vîstara avec l’énumération des Népalais et du Vocabulaire pentaglotte.

SECTION III.
CONCLUSIONS TIRÉES DES DEUX SECTIONS PRÉCÉDENTES.

Il est temps d’examiner le rapport que doivent avoir l’une avec l’autre l’énumération des trente-deux signes caractéristiques d’un grand homme et celle des quatre-vingts signes secondaires. Il faut aussi tirer quelques conséquences qui semblent résulter de l’examen attentif que je viens de faire dé ces cent douze attributs d’un Buddha.

Quant au rapport qu’offre la liste des quatre-vingts signes secondaires avec celle des trente-deux attributs caractéristiques d’un grand homme, il me paraît donner lieu aux questions suivantes. Ces deux listes doivent-elles être reconnues comme contemporaines ? et si l’on vient à constater qu’elles ne le sont pas, quelle est celle qui doit passer pour la plus ancienne ? Dans l’état où elles nous sont parvenues toutes deux, conservées comme elles le sont dans des livres en apparence de même âge, la vraisemblance est pour l’opinion qu’elles sont contemporaines ; et cette opinion peut, sans grand inconvénient pour la critique, subsister jusqu’à preuve du contraire. Cependant il est permis de se demander pourquoi, en traitant ce portrait des perfections physiques d’un grand homme, on a fait deux listes plutôt qu’une seule des définitions qui les expriment. Serait-ce que les caractères dits secondaires sont en réalité, soit sous le rapport physiologique, soit sous le rapport de l’art, secondaires et moins importants que les trente-deux signes de la supériorité d’un grand homme ? Je laisse à de plus habiles la solution de cette question ; mais en admettant même que les trente-deux définitions dites Lakchaṇas doivent passer pour fondamentales à l’égard des quatre-vingts signes dits Anuvyandjanas qui n’en seraient que des développements, la question relative à l’âge de ces deux listes n’en est pas pour cela décidée, puisque l’idée de développer et de compléter les trente-deux caractères par l’addition des quatre-vingts signes de second ordre peut bien n’avoir ’pris naissance et ne s’être réalisée que postérieurement à la rédaction du catalogue des trente-deux signes principaux. Je crois même qu’à raisonner uniquement sur les apparences, et sans tenir compte de la présence simultanée de nos deux listes dans les mêmes monuments, le fait seul que l’une de ces listes n’est que le développement de l’autre est déjà un assez fort