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APPENDICE. — N° VIII.

et l’emploi de la préposition vi, l’énoncé même de la liste népalaise. Quant à la leçon des Singhalais, elle diffère un peu plus par les termes. Il faut d’abord corriger une faute qui altère la fin du mot et lire ppabhâvattâ, « la qualité d’avoir une lumière ; » alors on obtient la traduction suivante : « La qualité d’avoir une lumière qui s’écbappe de son corps et se « répand autour de lui, » ou plus simplement, « La splendeur de son corps se répand autour de lui. » Ce caractère s’applique dans les légendes au Buddha Çâkyamuni, dont le corps était environné d’une splendeur qui s’étendait à la distance d’une brasse ; et cette splendeur est figurée sur des peintures népalaises par un vaste cercle en halo qui enveloppe l’image tout entière du Buddha, et qui est souvent traversé de lignes d’or qui ondulent. Je ne pense pas qu’il puisse exister le moindre doute sur la valeur de ce caractère, où A. Rémusat proposait de voir ce sens : « yeux sortants de leurs antres (orbites) et resplendissants de lumière[1]. »

39. Nâgaviîamhitagatih ; V12 nâgavikrântagâmî ; H11 nâgavikrântagâmitâ ; D9 gadjasamânakkamatâ. Ce caractère signifie : « Il a la démarche lente de l’éléphant. » Nos trois listes sont d’accord, sauf qu’au lieu de vilamhita elles donnent les unes vikTânta, et la dernière samâna, ce qui nous fournit cette double traduction : « 11 a la démarche héroïque de l’éléphant, » et « Sa démarche est semblable a celle de l’éléphant. » Les Tibétains ont adopté le sens de majestueux ; ce qui semble prouver qu’ils traduisaient sur un texte qui lisait vikrânta, leçon certainement préférable à celle de nos manuscrits actuels.

40. SimhavikrâniagatihfYii ; V11 siggkavikrântagâmî ; H10 sifhkavikrântagâmitâ ; D10 sihasamânakkamatâ. Ce caractère signifie, « Il a la démarche héroïque du lion ; » je ne sais sur quel fondement les Tibétains ajoutent, «i les manières (et la démarche du lion). » L’unanimité de nos quatre listes ne permet aucun doute sur la valeur de cet article.

41. Vrïchahhavikrântagatih ; V14 vrïchahhavikrantagâmi ; H13 vrïchahhavikrântagâmiîâ ; D12 usahhasamânakkamatâ. Ce caractère signifie : » Il a la démarche héroïque du taureau ; » ici encore les Tibétains traduisent : « les manières et la démarche. » Nos trois listes sont unanimes, sauf les deux fautes du Vocabulaire pentaglotte qu’il faut corriger ainsi, vikrântagâmï.

42. Harhsavikrântah ; V13 hansavikrântagâmî ; H12 hafhsavikrântagâmitâ ; D11 hamsasamânakkamatâ. Ce caractère signifie, « Il a la démarche de l’oie, » ou du cygne, comme le veulent les interprètes tibétains. La liste siughalaise dit très-explicitement : « La qualité d’avoir la démarche semblable à celle de l’oie, » ce qui, comme on sait, passe chez les Indiens pour un mérite. De la comparaison de cet énoncé avec celui, du Lalita vistara, et surtout de ce que le mot gati, « marche, » manque à ce dernier, je crois pouvoir conclure que l’adjectif vikrânta n’y signifie pas héroïque ou majestueux, comme dans les énoncés précédents, mais qu’il faut le prendre dans le sens de « pas, enjambée, marche. » Si l’on admet-

  1. Mélanges asiat. t. I, p. 172.