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APPENDICE. — N° VIII.

disparu, en supposant qu’ils aient été placés primitivement l’un auprès de l’autre dans le même composé.

31. Vrĭttagâtraḥ ; V18 prĭttagdtraḥ ; H17 vrĭttagâtratâ. Ce caractère signifie, « Ses membres sont arrondis, » ainsi que l’entendent les Tibétains, qui ici comme dans les autres composés analogues substituent l’idée de corps à celle de membre. Je ne trouve pas cet attribut dans la liste singbalaise ; il aura probablement été confondu avec celui du n° 33, anupuhbagattatâ, « la qualité d’avoir des membres réguliers, » c’est-à-dire qui vont en s’amincissant d’une manière régulière, comme les bras, les cuisses, les jambes. Ce qui me ferait croire qu’il y a ici une confusion qui est du fait de la liste singhalaise, c’est i° que ce caractère des membres réguliers reparaîtra tout à l’heure au n°-2 6 de cette même liste, avec l’addition du mot beau^ 2° que l’attribut qui nous occupe est placé dans cette liste au n° 2 1, immédiatement après l’attribut des membres bien proportionnés, ce qui est aussi, à peu de chose près, la disposition des autres listes, où l’attribut des membres arrondis n’est pas très-éloigné de celui des membres proportionnés.

32. Suparimrĭchiagâtraḥ ; V19 mrĭchlagâtraḥ ; H18 mrĭchtagâtratâ ; D22 matthagattatâ. Ce caractère signifie, « Ses membres sont parfaitement polis, » ou, suivant les Tibétains, « Son corps est très-gracieux. » Je ne crois pas que cette traduction soit suffisamment exacte ; il semble qu’il doit être question ici des membres sur lesquels ne paraît aucune souillure, rien n’y adhérant par suite de l’extrême poli d’une peau que soutiennent des chairs nourries par la plénitude de la santé. C’est en ce point que je séparerais le caractère du présent article de celui qu’exprime l’article 23. Que l’on traduise, en effet, l’épithète çiitchi de ce dernier article par brillant ou par pur, cette épithète se distinguera toujours du mrĭckla de notre n° 32 ; car çutchi représentera ou l’éclat, ou la pureté naturelle et constitutive, celle qui consiste dans l’absence de taches de quelque espèce que ce soit, tandis que mrĭckta sera le poli qui résulte de la finesse et de la pureté d’une peau sur laquelle le passage de la main ne signale aucune aspérité.

33. Adjilimavrîchabkagâtraḥ, annpûrvagâtraḥ ; V20 anupûrvagatra ; H19 anupûrvagâtratâ ; D26 anupubbaratchiragattatâ. Le premier de ces énoncés, celui du Lalita vistara, se compose de deux-termes et signifie, « Ses membres, semblables à ceux d’un taureau, ne sont pas de travers, ses membres sont réguliers ; » ou, suivant les Tibétains, « Son corps est « sans imperfection, développé avec symétrie. » Le Lalita vistara est seul à détailler ainsi ce caractère, que nos trois autres listes traduisent uniformément : « Ses membres sont réguliers, » ou « la qualité d’avoir des membres beaux et réguliers. » Le témoignage de ces listes prouve que l’addition du premier terme appartient en propre au Lalita vistara, et que ce terme n’a pas dû se trouver dans la liste primitive quelle qu’elle soit, d’où dérivent toutes celles que nous possédons aujourd’hui. Il faut donc l’en retrancher, d’autant plus que le nombre total des Anuvyaâdjanas, en suivant à la lettre l’énumération actuelle du Lalita vistara, serait de quatre-vingt-trois, et non de quatre-vingts, comme il doit l’être, et