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APPENDICE. — N° VIII.

joue un rôle très-important dans l’histoire des premières communications des Religieux indiens avec la Chine.

J’ai dit tout à l’heure qu’en ce qui regarde les listes du Sud, je supposais que le n° 24 du Lalita vistara y était omis ; de sorte qu’en résumé, et pour en finir avec ces détails qui ont pu fatiguer l’attention du lecteur, il y aura un caractère à réintroduire dans les listes du Sud, et deux à replacer dans les listés du Lolita et du Vocabulaire pentaglotte. Pour les listes du Sud, on trouvera la place nécessaire en réunissant en un seul attribut les n°’2 3 et 24 de L, 26 et 3 1 de Le, 22 et 23 de M, etc. Pour l’énumération du Lalita vistara, on supprimera le n° 3 qui appartient aux signes secondaires dils Annvyandjana, ce qui fera une place ; et en réunissant en un seul article les n"’2 et 2 2, on aura la seconde place nécessaire. Quoique ces légers changements ne soient que des conjectures, je suis porté à croire qu’ils nous conduisent bien près de la vérité.

Les trente-deux Lakchanas, ou signes caractéristiques d’un grand homme, que nous venons d’examiner, occupent une place considérable dans le système religieux du Buddhisme primitif, puisqu’en les reconnaissant sur la personne de leur maître, les disciples de Çâkya en ont fait comme le présage et la condition de sa grandeur. Il existe, à cet égard i un texte classique annonçant la destinée promise à l’homme assez heureux pour porter ces précieuses marques. Ce texte est vulgaire dans les deux écoles, dans celle du Nord comme dans celle du Sud, et de plus il est ancien, puisqu’il ne peut se trouver à la fois dans l’une et dans l’autre, sans être antérieur à l’époque de leur séparation. Il tient si intimement à l’énumération des trente-deux signes caractéristiques de Ia supériorité humaine, qu’il n’en peut être séparé ; il en marque, en quelque façon, le terme et le but.

Au chapitre troisième du Lalita vistara, à l’endroit où il est question de la naissance future du Bôdhisattva, le narrateur annonce que le Bôdhisattva sera doué des trente-deux signes caractéristiques d’un grand homme, et qu’en conséquence sa destinée sera double. Voici ce texte même, d’après nos manuscrits:Sa dvâtriniçatâ mahâpuruchalakchanâih samanvâgaiô hhavati yâih samanvâgaiasja dvê gaii hhavaiô na irîtiyâ. Sa tchéd agâraw adhyâvasati râdjâ bhavati tchakravarti tchafuraggô vidjitavân dhdrmikô dharmarâdjah saptaratnasamanvâgatah ; tasjémâni saptaratndni bhavanti ; iadyathâ tchakraratnam. hastiratnani açvaratnam siriratnam maniratnalh grïhapatiratnqm parinâyakaratnam éva saptamam[1]. « Il est doué des trente-deux signes caractéristiques d’un grand homme ; or, pour celui qui est doué de ces signes, s’ouvrent deux voies et non trois. S’il préfère le séjour de la maison, il devient un roi Tchakravartin, ayant une armée composée de quatre corps, victorieux, juste, roi de justice, possesseur des sept joyaux. Voici maintenant quels sont les sept joyaux qu’il possède; ce sont : Le joyau de la roue, le joyau de l’éléphant, le joyau du cheval, « le joyau de la femme, le joyau de la pierre précieuse, le joyau du maître de maison, « et le joyau du général, qui fait le septième. » Le Lalita vistara expose ensuite ce qui se rapporte à chacun de ces objets précieux formant le trésor d’un roi Tchakravartin : j’omets à dessein ce développement, que le lecteur trouvera dans la traduction française de

  1. Lalita vistara, f. 9 b et 10 a du munuscrit A., et Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 14.