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APPENDICE. — N° VIII.

en 1797, le colonel C. Mackenzie leur demanda si l’on n’avait pas eu dessein de représenter ainsi la chevelure d’un Africain, ils rejetèrent avec horreur cette supposition, et rappelant la légende qui fait de Çâkya le fils d’un roi indien, ils ajoutèrent que le jeune prince, au moment où il quittait le monde, abattit sa chevelure d’un coup de son glaive, et que c’est le reste de cette chevelure ainsi écourtée que l’artiste a eu l’intention de figurer sur les images qui le représentent[1].

3. Samaviputalalâṭaḥ, « Il a le front large et uni, » Ce caractère ne se présente dans aucune des autres listes qui sont entre mes mains ; mais il fait partie des quatre-vingt-quatre signes secondaires dont nous nous occuperons plus bas, à l’occasion du n° 70. Il est très-probable que ce signe aura été placé ici par une erreur des copistes du Lalita vistara, toutefois l’erreur doit être ancienne, puisqu’elle se trouve également dans la version tibétaine de cet ouvrage.

4. Urnâ hhravôr madhyê djâtâ himaradjataprakâçâ ; V4 djarṇya kêça ûrṇya ; H17 ûrṇâlag̃krĭtamukhatâ ; Lc25, L31, M30, D31, uṇṇâ bhamukantarê djâtâ hôti ôdâtâ madutûlasannibhâ. Ce caractère signifie littéralement, « Une laine est née entre ses sourcils, ayant l’éclat de la neige ou de l’argent, » Les Tibétains le traduisent fort exactement par cette phrase : « Entre ses sourcils est né un cercle de poils de la couleur de la neige et de l’argent. » Il n’y a aucun doute sur la signification littérale ni sur la valeur religieuse de ce caractère chez les Buddhistes de toutes les écoles. Le Dictionnaire de Wilson nous apprend que le mot ûrṇâ, outre son sens de laine, a également celui de « cercle de poils « qui pousse entre les deux sourcils, et qui est le signe d’une grandeur future. » Tous les Buddhistes sont d’accord sur ce caractère ; seulement il ne faut pas s’arrêter à la manière barbare dont le représente le Vocabulaire pentaglotte La liste népalaise de M. Hodgson, qui exprime les trente-deux signes d’une manière abstraite, définit celui-ci en ces termes : « L’état d’avoir la face ornée par le cercle de poils nommé ûrṇâ, » c’est-à-dire duvet laineux. Les quatre listes de Ceylan l’expriment ainsi : a Dans l’intervalle qui sépare ses « sourcils est poussé un cercle de poils blancs, semblables à du coton doux. » Et une de ces listes, celle qui a le plus de développement, ajoute ce vers :

Sêtâ susukkâ mudutûlasannibhâ uṇṇâssa djâtâ bhamukantarê ahu[illisible]

« Entre ses deux sourcils naquit un cercle de poils blancs, très-purs, semblables à un doux coton. » Ce cercle de poils joue, comme on sait, un rôle très-important dans les légendes et dans les Sûtras du Nord. C’est de sa partie centrale que s’échappent les rayons miraculeux qui vont éclairer les mondes à de prodigieuses distances ; nous en avons un exemple au commencement du Lotus de la bonne loi[2].

Je crois même le reconnaître sur les statues des Buddhas, et notamment sur celles qui décorent le grand temple de Boro Budor à Java. Sur le front de ces statues, exactement au-dessus du nez, on aperçoit un signe qui figure un rond ou un cercle. Il n’est pas creusé

  1. As. Res. t. VI, p. 453, éd. Lond. in-4o.
  2. Ci-dessus, chap. i, f. 13 a, p. 13 de ce volume.