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CHAPITRE XI.

sutta, où il est dit : Sônadaṇḍô ahhirûpô dassanîjô pâsâdikô paramâja vaṇṇapôkkharatâya samannâgatô. « Sônadaṇḍa beau, agréable, gracieux, doué de la perfection d’une « beauté suprême[1]. » Cette expression se trouve également dans un fragment publié par Spiegel, mais malheureusement imprimé avec beaucoup de fautes, et où l’éditeur lit à tort le dernier mot sêmantâgatô[2].

f. 143 a.St. 49. Orné des trente-deux signes de beauté.] Voyez ci-dessus, chap. ii, f. 29 b, p. 356, et l’Appendice, no VIII ; le même renvoi s’applique à la même phrase ci-dessous, f. 144 a.

f. 143 b.Les cinq perfections.] Lisez, « les six perfections, » et voyez ci-dessus, chap. i, f. 11 a, p. 332, et l’Appendice, no VII.

f. 144 a.Supprimant en elle les signes qui indiquaient son sexe.] Je n’arrêterais pas l’attention du lecteur sur cette transformation miraculeuse de la fille de Sâgara, s’il devait être uniquement question ici des développements que la croyance au surnaturel a pu prendre chez les Buddhistes du Nord. Une fois cette croyance admise comme élément religieux, un miracle de plus ou de moins n’est pas un point d’importance : la crédibilité ne recule pas plus devant le nombre que devant l’absurdité de ses conceptions. Mais il y a ici quelque chose de plus instructif à remarquer, c’est l’occasion même de ce miracle. Tout en reconnaissant les rares vertus de la fille de Sâgara, le Religieux Çâriputtra lui conteste le pouvoir de jamais devenir un Buddha, par la raison qu’il y a cinq places ou cinq situations qui sont interdites à une femme par le seul fait de son sexe ; ces situations sont celles de Brahmâ, de Çakra, de Mahârâdja, de souverain Tchakravartin, et de Bôdhisattva ou Buddha futur. Cette opinion appartient à la plus ancienne tradition buddhique. Il est vrai que je ne l’ai pas encore vue exprimée en des termes aussi positifs chez les auteurs singhalais ; mais je n’hésiterais pas à croire qu’on doit l’y trouver, car elle paraît déjà, pour sa partie la plus importante du moins, dans une glose de Buddhaghôsa, qui nous apprend qu’un homme peut seul devenir Buddha[3]. En ce qui touche le rôle de souverain Tchakravartin, nous savons par Fa hian que ce fut également au moyen d’un miracle que la Religieuse Utpalâ prit, dit-on, cette forme pour aller la première à la rencontre de Çâkya[4]. Si je comprends bien cette tradition, elle se présente comme une sorte de correctif à l’admission des femmes dans le corps des Religieux. L’histoire moderne de l’Inde nous offre plus d’un exemple de l’influence considérable que des femmes supérieures ont exercée sur les affaires publiques. Qu’y aurait-il d’étonnant à ce que, dans des temps plus anciens, leur habileté, soutenue par le respect qui s’est toujours attaché dans l’Inde à la pratique des devoirs ascétiques, ait pu porter ombrage aux hommes, et donner lieu à l’exclusion qui leur enlève l’espérance d’arriver à la suprématie d’un Buddha ?

  1. Dîgha nikâya, f. 29 a et b.
  2. Spiegel, Anecdota pâlica, p. 72.
  3. Spiegel, ibid. p. 62 et 63.
  4. Foe koe ki, p. 124.