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CHAPITRE III.

Turnour[1]. Je prie donc le lecteur de remplacer l’expression « je vais te témoigner mon affection, » par celle-ci, « je vais te parler, » d’abord dans le passage qui fait l’objet de cette note, puis dans les passages suivants : ch. vi, f. 79 b ; f. 82 a, st. 17 ; f. 82 b ; f. 84 a ; ch. vii, f. 102 b.

Grâce à la bénédiction.] Le mot du texte est adhichṭhânêna, que la version tibétaine représente ainsi byin-kyi rlabs-kyis, « en vertu de la bénédiction. » Ce mot se trouve avec cette même signification dans le pâli des Buddhistes du Sud, et j’en citerai un exemple emprunté au Thûpa vam̃sa : Sa raññôtcha thêrassatcha sâsanam̃ gahêtvâ thêrassa adhiṭṭhânavasêna êkadivasên adjambukôlapaṭṭhânam̃ gatvâ nâvam abhiruhitvâ. « Lui, ayant reçu l’ordre du roi et du Thêra, étant arrivé en un jour à Djambukôla paṭṭhâna par l’effet de la bénédiction de ce dernier, monta sur un vaisseau[2]. »

f. 38 b.La terre de Buddha.] Le mot dont se sert le texte pour désigner la terre où paraît un Buddha, est Buddha kchêtra ; je ne me souviens pas d’avoir jamais rencontré dans les textes sanscrits du Népal le mot kchmâ, que M. Rémusat croyait être le correspondant sanscrit du terme par lequel les Buddhistes chinois désignent la terre d’un Buddha[3]. Selon les Singhalais, la terre sur laquelle s’exerce l’action d’un Buddha, varie d’étendue selon le point de vue sous lequel on l’envisage. Ainsi le commentateur du Djina alam̃kâra expliquant le terme tibuddhakhêttêkadivâkarô, « soleil unique des trois terres d’un Buddha, » s’exprime ainsi : « Il y a trois espèces de terres d’un Buddha : la terre de la naissance, la terre du commandement, la terre de l’objet[4] ; » ce qui veut dire : la terre où est né le Buddha, celle sur laquelle s’étend sa puissance, et celle où il est connu[5]. Puis il ajoute : « La terre de la naissance se compose de dix mille enceintes de mondes (tchakkavâla[6]) ; la « terre du commandement se compose de cent mille kôṭis d’enceintes de mondes ; la terre où il est connu se compose d’un nombre infini et incommensurable d’enceintes de « mondes. »

Enceintes tracées en forme de damiers, etc.] Le mot que je traduis ainsi est suvarṇasûtrâchṭâpada nibaddham, pour l’interprétation duquel je n’ai, quant à présent, rien de mieux à proposer. Je regarde le mot achṭâpada, qui a le sens « d’étoffe à carreaux pour jouer aux dames ou aux dés, » comme désignant au figuré des enclos tracés en quinconce, dont les divisions, semblables à celles d’une étoffe sur laquelle on joue aux dés, sont marquées par des cordes d’or. Le composé tout entier doit, dans cette supposition, se traduire ainsi littéralement, « terre sur laquelle des damiers sont fixés par des cordes d’or. » Nous retrouverons cette même image au commencement du chapitre vi, f. 80 a. Cette manière de se représenter la surface du sol divisée en carrés comme un damier, n’aurait-elle pas donné l’idée du symbole que l’on remarque sur une classe de médailles buddhiques, où l’on

  1. Anecdota pâlica, p. 73, note.
  2. Thûpa vam̃sa, f. 22 a.
  3. Foe koue ki, p. 116.
  4. Djina alam̃kâra, f. 29 a.
  5. Clough, Singhal. Diction. t. II, p. 475.
  6. Voy. ci-dessous, Appendice, no XVIII.)