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NOTES.

même ici injustifiable, puisqu’il est permis de voir dans dakchiṇâvatchara un composé possessif signifiant « celui qui a sa place à droite. » Mais le sens physique et la valeur d’adjectif se montrent clairement dans le composé antarikchâvatcharâh, « ceux qui traversent le ciel, » composé que notre Lotus emploie plus bas pour désigner des divinités[1]. Et il est bon de remarquer que le manuscrit de la Société asiatique donne seulement antarîkchatcharâḥ, pendant que ceux de M. Hodgson ont la leçon que je viens de citer. Ce mot est également employé chez les Buddhistes du Sud, et je le remarque dans une des épithètes attribuées à Çâkyamuni par le Djina alam̃kâra ; cette épithète est yôgâvatcharakulaputta, « fils d’une famille dont le domaine est le Yôga, ou, qui marche dans le Yôga[2]. » Il paraît qu’il est passé de même dans le dialecte vulgaire des Singhalais, car Clough le rapporte dans son Dictionnaire, où il en sépare ainsi les éléments, Yôga-âvatchara, et le traduit : « celui qui abandonne les biens du corps pour livrer son esprit à une méditation religieuse et abstraite[3].

f. 24 b.Des Tathâgatas.] Lisez, « du Tathâgata. »

f. 25 a.Qui ont des inclinations variées.] Si l’on préfère pour le terme d’adkimukti le sens d’intelligence que j’ai essayé de justifier plus haut[4], il faudra traduire ici, « qui ont des facultés diverses. »

f. 26 a.Se trouvent, vivent, existent.] L’expression dont se sert le texte pour rendre cette idée paraît appartenir en partie au sanscrit des Buddhistes ; elle se compose des trois verbes tichṭhanti, dhriyantê, yâpayanti. C’est uniquement par analogie que je traduis le dernier verbe par existent ; car je ne vois que l’expression latine dacere vitam qui explique comment yâpayanti, « ils font aller, » peut signifier ils existent, ils durent.

f. 27 a.À l’époque où dégénère un Kalpa.] Le texte se sert des expressions kalpakachâye, sattvakachâye, etc. où le mot kachâya, « décoction servant à la teinture, » exprime, dans la langue des Buddhistes, l’atteinte et l’influence des causes de corruption qui font dégénérer un Kalpa ou un âge du monde. Ces expressions font allusion à la manière dont les Buddhistes se représentent les périodes de création, de conservation et de rénovation de l’univers, dont j’ai parlé plus haut[5]. C’est la période de dégénérescence que le texte du Lotus désigne par le terme de kalpakachâya. Cette expression reparaîtra plus bas, ch. iii, f. 39 a.

f. 27 b.Qui prendrait la résolution.] Les mots du texte sont arhattvam̃ pratidjânîyât, littéralement, « promettrait [à soi-même] l’état d’Arhat. » C’est le sens que donne la version tibétaine khas-htchhe-jing, « s’engageant à, faisant vœu de. »

  1. Ci-dessous, ch. XIII, f. 155 a.
  2. Djina alam̃kâra, f. 12 b, init.
  3. Singhal. Diction. t. II, p. 577 ; littéralement ce mot signifie « l’homme qui marche dans le Yoga. »
  4. Ci-dessus, ch. i, f. 16 b,st. 80.
  5. Ibid. ch. i, f. 10 b, p. 324 et suiv.