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CHAPITRE II.

Qui sont également parvenus à.] Lisez, « qui sont également partis pour. »

f. 23 b. St. 23 b. Écoute donc, ô Çâriputtra, etc.] Ceci est encore une formule sacramentelle employée par Çâkya, lorsqu’il va répondre à une question qui lui a été adressée par un de ses auditeurs ; la voici d’après l’original : tênahi çâriputtra çrĭṇu sâdhutcha suchṭhutcha manasikuru bhâchichyé ’haniê. Elle reparaît à tout instant dans les livres du Nord où Çâkyamuni est représenté, instruisant ses disciples, et j’en cite à la note un exemple emprunté à l’Avadâna çataka[1]. On la remarque également dans les livres pâlis, où elle occupe la même place : je l’emprunte à deux Suttas où elle est ainsi conçue : tênahi brâhmaṇa sunâhi sâdhukañtcha manasikarôhi bhâsissâmi[2].

Cependant Bhagavat continuait à garder le silence.] Il faut dire plus exactement : « Et Bhagavat approuvait par son silence. « Voici le texte : Bhagavâmçtcha tûchṇibhâvênâdhivâsayati sma ; ce qu’il faut y remarquer, c’est l’emploi du radical vas précédé de la préposition adhi, dans l’acception d’approuver, donner son assentiment, acception qui ne s’éloigne pas beaucoup du sens d’aimer qu’a ce verbe dans le sanscrit classique. La personne à laquelle on témoigne cette approbation est placée dans la phrase au génitif, comme on le peut voir dans le passage suivant : Adhivâsayaty âyuçhmân çrôṇaḥ kôṭikarṇa âyuchmatô mahâkâtyâyanasya tûchṇîbhâvêna. « Le respectable Çrôṇa Kôṭikarṇa approuva par son silence le respectable Mahâkâtyâyana[3]. » Cette formule se retrouve également dans les livres pâlis du Sud, où on la rencontre à tout instant ainsi conçue : adhivâsêsi Bhagavâ tuṇhibhâvêna, « Bhagavat approuva par son silence[4]. » On en peut voir un exemple au commencement du Mahâvam̃sa[5]. J’avais déjà signalé cette expression dans l’Introduction à l’histoire du Buddhisme, mais sans l’appuyer comme ici des exemples nécessaires[6].

f. 24 a.Bien, ô Bhagavat, etc.] La réponse que les auditeurs font au Buddha, lorsque celui-ci leur a promis de leur exposer la loi, est également contenue dans une formule spéciale, qui revient toujours la même ; la voici dans les termes où la donne le Saddharma puṇḍarîka : Sâdhu Bhagavannity âyuçhmân çâriputtrô Bhagavatah pratyaçrôchît, Bhagavân êtad avôtchat. Je remarquerai seulement que j’ai peut-être donné un peu trop de valeur au verbe pratyaçrôchît, en le traduisant par « il se mit à écouter ; » il ne doit signifier que « il répondit. » Les textes pâlis emploient aussi cette formule exactement dans les mêmes circonstances ; en voici un exemple : Êvam bhôti khô sôṇadaṇḍô brâhmaṇô Bhagavatô patchtchassôsi, Bhagavâ êtad avôtcha. « Oui, seigneur, répondit en effet à Bhagavat Sôṇadaṇḍa le Brâhmane ; Bhagavat parla ainsi[7]. »

  1. Avadâna çataka, f. 55 b.
  2. Sônadanda sutta, dans Dîgh. nik. f. 32 a ; Kûṭadanta sutta, ibid. f. 34 a.
  3. Çrôna kôṭikarṇa, dans Divya avad. f. 10 a.
  4. Sôṇadaṇḍa sutta, dans Dîgh. nik. f. 32 a ; Kûṭadanta sutta, ibid., fol. 87 b ; Lôhitchtcha sutta, ibid. f. 58 b ; Mahâparinibbâna sutta, f. 84 a, 85 a, 92 b.
  5. Turnour, Mahâwanso, t. I, p. 6, l. 9.
  6. Introd. à l’hist. du Buddhisme indien, t. I, p. 250, note 1.
  7. Sôṇadaṇḍa sutta, dans Dîgh. nik. f. 32 a ; Kûṭadanta sutta, ibid. f. 34 a.