Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/370

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
349
CHAPITRE II.

river à l’indifférence ; » d’où il résulte que samâpatti est envisagé comme composé des mots sama, « égal, » et âpatti, « l’arrivée à, l’obtention. » Il m’a semblé que traduisant un des livres canoniques du Nord, je devais me mettre d’accord avec l’interprétation conservée chez les Tibétains, et c’est pourquoi j’ai rendu ce mot par « l’acquisition de l’indifférence ; » peut-être serait-il plus exact de dire ici, « les acquisitions de l’indifférence. » Du reste, la conciliation de ces deux opinions, celle des Tibétains et celle des Singhalais, si toutefois Clough et Turnour reproduisent exactement cette dernière, serait extrêmement facile. Nous verrons en effet plus tard, quand nous examinerons les dhyânas ou les degrés de la contemplation, que c’est après s’être rendu maître de son intelligence par la pratique de la samâdhi, que l’on arrive à reconnaître que toutes les choses sont égales entre elles, c’est-à-dire qu’on parvient à l’indifférence. L’acquisition de ce dernier état est donc en réalité subordonnée à celui de samâdhi, et c’est probablement la connexité qui existe entre ces deux états qui a porté Turnour et Clough à les rattacher comme ils l’ont fait l’un à l’autre.

C’est le Tathâgata, ô Çâriputtra, etc.] Cette phrase sera traduite plus exactement de la manière suivante : « C’est le Tathâgata seul, ô Çâriputtra, qui peut enseigner les lois du Tathâgata ; les lois que le Tathâgata connaît, toutes ces lois même, ô Çâriputtra, le Tathâgata seul les enseigne ; car seul le Tathâgata connaît toutes les lois. »

f. 19 b. St. 4. Dans la pure essence de l’état de Bôdhi.] J’ai pris ici, à tort, dans le sens abstrait, ce qui doit s’entendre dans un sens positif et matériel ; voici le texte : Phalam me bôdhimaṇḍasmim̃ drĭchtam yâdrĭçakam̃ hi tat. « Voici quel est le résultat que j’ai vu sur le trône « de la Bôdhi. » J’ai discuté ce point ailleurs[1] ; il est souvent question de ce trône dans le Lalita vistara[2]. J’ajoute seulement ici quelques textes qui ne laissent aucun doute sur la destination du Bôdhimaṇḍa. Dans le Mahâvastu, ouvrage curieux et pour le fond et pour la forme, je trouve le passage suivant : Têna khalu punaḥ samayéna sarvâvantô bôdhimaṇḍô ôsaktapaṭṭadâmakalâpo abhûchi. « Or, en ce temps, la totalité du Bôdhimaṇḍa fut couverte d’étoffes, de guirlandes et de files de clochettes[3]. » De même chez les Buddhistes du Sud, le Bôdhimaṇḍa est nommé un siège : bôdhimaṇḍam âruyha nisinnaṭṭhânam̃, « étant monté sur le Bôdhimaṇḍa, qui est le lieu où il s’asseoit[4]. »

St. 7. Les Bôdhisattvas sont remplis de confiance.] Il faut dire, « car les Bôdhisattvas sont fermes dans l’intelligence ; » en adoptant pour adhimukti le sens que j’ai exposé plus haut, f. 16 b.

St. 8. Leur dernière existence corporelle.] Le texte dit littéralement, antima dêha dhâriṇo, « ayant leur dernier corps. » Il paraît que cette expression est sacramentelle chez les Bud-

  1. Introduction à l’histoire du Buddhisme indien, t. I, p. 387. Voy. ci-dessous, même chap., st. 112.
  2. É. Foucaux, Rgya tch’er rol pa, tome II, les citations à la table, page xl, au mot Bôdhimaṇḍa.
  3. Mahâvastu, f. 205 b.
  4. Thûpa vam̃sa, f. 36 a, fin.