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CHAPITRE XII.

étaient en possession des formules magiques, et qui savaient faire tourner la roue de la loi qui ne recule pas en arrière. Ces Bôdhisattvas Mahâsattvas n’eurent pas plutôt été regardés par Bhagavat, que se levant de leurs sièges, et dirigeant leurs mains réunies en signe de respect, du côté où se trouvait Bhagavat, ils firent cette réflexion : Bhagavat nous excite à expliquer cette exposition de la loi. f. 147 a.Et faisant cette réflexion, ils se dirent les uns aux autres, dans un grand trouble : Comment, ô fils de famille, ferons-nous ce à quoi Bhagavat nous excite. Comment ferons-nous pour que cette exposition de la loi soit expliquée dans l’avenir ? Alors ces fils de famille, par l’effet du respect qu’ils avaient pour Bhagavat, et par suite de leur ancienne prière et de leur ancienne conduite, firent entendre le rugissement du lion, en présence de Bhagavat. Nous aussi, ô Bhagavat, dans un temps à venir, quand le Tathâgata sera entré dans le Nirvâṇa complet, nous irons dans les dix points de l’espace, pour faire écrire cette exposition de la loi à toutes les créatures, pour la leur faire lire, pour la leur faire méditer, pour la leur expliquer, et cela par la puissance de Bhagavat. Et Bhagavat, placé dans un autre univers, nous protégera, nous gardera et nous défendra.

Alors ces Bôdhisattvas Mahâsattvas adressèrent à Bhagavat les stances suivantes, qu’ils chantèrent tous ensemble d’une voix unanime.

2. Modère ton ardeur, ô Bhagavat ; car quand tu seras entré dans le Nirvâṇa complet, pendant cette redoutable époque de la fin des temps, c’est nous qui expliquerons cet excellent Sûtra.

3. Nous supporterons, nous endurerons patiemment, ô Guide des hommes, les injures, les violences, les menaces de coups de bâton, les crachats dont les ignorants nous assailliront.

4. Dans cette terrible époque de la fin des temps, les hommes sont privés d’intelligence ; ils sont fourbes menteurs, ignorants, pleins d’orgueil ; ils se figurent avoir atteint ce qu’ils n’ont pas obtenu.

f. 147 b.5. Ne songeant qu’au désert, couverts d’un morceau d’étoffe, nous passerons notre vie dans la pauvreté : c’est ainsi que parleront les insensés.

6. Désirant avec avidité tout ce qui flatte le goût, et pleins de cupidité, ils seront honorés, quand ils enseigneront la loi aux maîtres de maison, comme s’ils possédaient les six connaissances surnaturelles(147 b).

7. Pleins de pensées cruelles et de méchanceté, exclusivement occupés des