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LE LOTUS DE LA BONNE LOI.

48. Quelle loi as-tu enseignée, ou bien quel Sûtra, quand tu as voulu montrer la voie qui conduit à l’état de Buddha, f. 142 b.pour que ces êtres l’ayant entendue, aient conçu l’idée de cet état ? Certainement ils ont acquis l’omniscience, puisqu’ils ont saisi le sens profond [de tes discours].

Mañdjuçrî répondit : J’ai exposé au milieu de l’océan, le Sûtra du Lotus de la bonne loi, et non aucun autre Sûtra. Pradjñâkûṭa reprit : Ce Sûtra est profond, subtil, difficile à saisir ; aucun autre Sûtra ne lui ressemble. Est-il quelque créature qui soit capable de pénétrer ce Sûtra, et d’obtenir [par là] l’état suprême de Buddha parfaitement accompli ? Mañdjuçrî répondit : Il y a, ô fils de famille, la fille de Sâgara, roi des Nâgas, âgée de huit ans, qui a une grande sagesse, des sens pénétrants, qui est douée d’une activité de corps, de parole et d’esprit que dirige toujours la science ; elle a obtenu la possession des formules magiques, parce qu’elle a saisi et les lettres et le sens des discours des Tathâgatas(142 b). Elle embrasse en un instant les mille méditations qui font reconnaître l’égalité de toutes les lois et de tous les êtres. Ayant conçu la pensée de l’état de Buddha, elle est incapable de retourner en arrière ; ses prières sont immenses ; elle éprouve pour toutes les créatures autant d’attachement que pour elle-même ; elle est capable de donner naissance à toutes les vertus, et elle n’en est jamais abandonnée. Le sourire sur les lèvres, et douée de la perfection d’une beauté souverainement aimable(142 b 2), elle n’a que des pensées de charité, et ne prononce que des paroles de compassion. Elle est capable d’arriver à l’état de Buddha parfaitement accompli. Le Bôdhisattva Pradjñâkûṭa reprit : J’ai vu le bienheureux Tathâgata Çâkyamuni f. 143 a.s’efforçant d’arriver à l’état de Buddha ; devenu Bôdhisattva, il fit un nombre immense de bonnes œuvres ; et pendant plusieurs milliers de Kalpas, il ne laissa jamais se relâcher sa vigueur. Dans l’univers formé d’un grand millier de trois mille mondes, il n’est pas un coin de terre, ne fût-il pas plus étendu qu’un grain de moutarde, où il n’ait déposé son corps pour le bien des créatures. C’est après cela qu’il est parvenu à l’état de Buddha. Qui donc pourrait croire que cette jeune fille ait été capable d’arriver en un instant à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli ?

En ce moment la fille de Sâgara, roi des Nâgas, apparut debout devant lui. Après avoir salué, en les touchant de la tête, les pieds de Bhagavat, elle se tint debout à l’écart, et prononça les stances suivantes :