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CHAPITRE XI.

les airs, et arriva par la voie de l’atmosphère sur la montagne de Grĭdhrakûṭa, en présence de Bhagavat. Là Mañdjuçrî, devenu Kumâra, étant descendu de son lotus, après avoir salué, en les touchant de la tête, les pieds du bienheureux Çâkyamuni et ceux du Tathâgata Prabhûtaratna, se rendit à l’endroit où se trouvait le Bôdhisattva Pradjñâkûṭa, et étant arrivé devant lui, il adressa au Bôdhisattva de nombreuses paroles de plaisir et d’affection, et s’assit ensuite dans un endroit à part. Alors le Bôdhisattva Pradjñâkûṭa s’adressa ainsi à Mañdjuçrî, devenu Kumâra : Ô Mañdjuçrî, toi qui arrives du milieu de l’océan, quel nombre de créatures as-tu discipliné ? Mañdjuçrî répondit : Des créatures en nombre immense et incommensurable ont été disciplinées [par moi], et en nombre si immense et si incommensurable, qu’il est impossible de l’exprimer par la parole ; on ne peut le dire, ni le concevoir par la pensée. Approche un moment, fils de famille, que je te montre un prodige. Et à peine cette parole fut-elle prononcée par Mañdjuçrî Kumâra, qu’au moment même plusieurs milliers de lotus, sortis de l’océan, s’élancèrent dans les airs ; f. 142 a.et sur ces lotus parurent assis plusieurs milliers de Bôdhisattvas, qui se dirigeant par la voie de l’atmosphère vers l’endroit où se trouvait la montagne de Grĭdhrakûṭa, restèrent suspendus dans le ciel ; c’était tous ceux que Mañdjuçrî Kumâra avait disciplinés pour l’état suprême de Buddha parfaitement accompli. Alors ceux de ces Bôdhisattvas qui étaient anciennement entrés dans le grand véhicule, célébrèrent les qualités du grand véhicule et les six perfections. Ceux de ces Bôdhisattvas qui avaient été anciennement des Çrâvakas(142 a), célébrèrent le véhicule des Çrâvakas. Tous connaissaient et les qualités du grand véhicule et cette vérité, que toutes les lois sont vides.

Ensuite Mañdjuçrî Kumâra s’adressa ainsi au Bôdhisattva Pradjñâkûṭa : fils de famille, après m’être rendu dans le milieu du grand océan, j’ai employé tous les moyens pour discipliner les créatures, et maintenant tu en vois l’effet. Alors le Bôdhisattva Pradjñâkûṭa interrogea Mañdjuçrî Kumâra, en chantant les stances suivantes :

47. Ô toi qui es doué d’une grande vertu, toi qui enseignes la sagesse par similitudes, ces créatures innombrables qui ont été disciplinées aujourd’hui par toi, dis-le-moi puisque je t’interroge, par la puissance de qui les as-tu disciplinées, ô toi qui es un Dêva parmi les hommes ?