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Bunyiu Nanjio, a publié une édition critique du texte dans la Bibliotheca Buddhica de Pétersbourg (1908-1912). Les recherches poursuivies en Asie Centrale depuis une trentaine d’années ont rendu de nombreux fragments du Saddharma-pundarîka qui confirment par un éclatant témoignage la popularité de ce sûtra dans toute l’étendue du monde bouddhique. On trouvera plusieurs de ces fragments transcrits, traduits et annotés dans le recueil publié par R. Hœrnle : Manuscript remains of Buddhist Literature found in Eastern Turkestan, vol. I. Oxford 1916. Une version en turc-ouigour du chapitre le plus populaire de cet ensemble, consacré à l’exaltation d’Avalokiteśvara, a été éditée et traduite par W. Radloff : Kuan-si-im Pusar, dans la Bibliotheca Buddhica, XIV, Pétersbourg, 1911. Le chapitre correspondant de la traduction chinoise avait été traduit antérieurement par S. Beal dans sa Catena of Buddhist scriptures (p. 389-396).

Cette bibliographie imposante, et qu’il serait facile encore de développer, attesterait tout au moins la sûreté de coup d’œil de Burnouf. Il nous faut aujourd’hui un effort de l’imagination pour nous le représenter aux prises avec cette immense littérature du bouddhisme sanscrit que Hodgson venait de retrouver au Népal, construite sur des thèmes, des croyances, des notions, des concepts oubliés et ignorés de l’Inde moderne, accessible seulement dans des manuscrits souvent pénibles à déchiffrer, beaucoup plus difficiles encore à interpréter sans le concours d’une tradition directe, sans vocabulaire technique, sans autre dictionnaire que le maigre lexique de Wilson exclusivement basé sur les œuvres du brahmanisme. Le même génie qui sut frayer les avenues dans ce labyrinthe désespérant, sut aussi discerner l’œuvre capitale dont il fallait entreprendre la traduction. Ce que fut le résultat, en dépit de tant d’obstacles, il suffit de le demander à l’émule de Burnouf, à Kern.